Ombres Blanches - La jambe gauche de Joe Strummer

Mc Cash va mal, très mal. Sa prothèse oculaire le fait souffrir comme un damné, et l'acuité de son oeil valide est en train de baisser inexorablement. A cinquante ans, son caractère ne risque pas de s'améliorer, alors, comme il refuse de se soigner, il a prévu de se suicider avant d'être définitivement aveugle. C'est dans cet état d'esprit qu'il reçoit la lettre d'une amante de passage qui lui révèle qu'elle se meurt d'un cancer et qu'elle a laissé une fille de dix ans, Alice, dont il est le père. Il démissionne de son poste de flic à Brest, et fait route vers la paternité. Une paternité qui va se révéler pleine de rebondissements, Alice ayant été témoin, bien malgré elle, d'une rencontre qui pourrait avoir un lien avec la mort d'une gamine de cinq ans. Mc Cash, avec toute sa haine et sa hargne, va faire voler en éclat la quiétude hypocrite et moisie de la campagne endormie où Alice a été placée. Amateurs de jolies choses roses, de dentelles et de tasses de thés tenues le petit doigt en l'air s'abstenir. Peu de personnages de polars sont aussi teigneux et rugueux que Mc Cash, peu, même parmi les plus suicidaires, se soucient aussi peu de leur santé, ou tout simplement, d'éviter la douleur. Mc Cash supporte l'insupportable, cela ne rend pas spécialement aimable. Il faut dire également, qu'il évolue dans un monde où il côtoie en permanence ce que l'humanité produit de pire. Caryl Férey, comme dans Utu (Folio Policier n°500) et Haka (Folio Policier n°286), donne un polar rageur, dans un style plein de fureur et de larmes qui, paradoxalement, dégage, au détour d'une phrase ou d'un chapitre, de parfaites pépites d'une humanité et d'une tendresse qui n'en sont que plus marquantes. Nous attendons avec impatience de voir ce qui arrivera à son flic rogue.