Ce roman policier a des airs de « Canicule », le chef d'œuvre de Jean Vautrin. Le soleil en moins. La campagne décrite par Pierric Guittaut est en permanence noyée sous des trombes d'eau. Forêt humide, prairies marécageuses et chemins boueux forment le décor de cette intrigue verdoyante. Ce n'est pas un truand en cavale qui va perturber la vie des autochtones mais un clerc de notaire.
Hugues doit se rendre dans une ferme pour délivrer un acte officiel. Manque de chance, il tombe dans des embouteillages à la sortie de Nantes puis se perd sur le réseau départemental sous des trombes d'eau. Pour couronner le tout, il tombe en panne. C'est là qu'il la voie pour la première fois. Elle sort d'un bois. Le regarde quelques secondes et disparaît de nouveau sous les frondaisons. L'apparition fugace va hanter l'esprit de Hugues.
Le clerc de notaire va voir la chance tourner avec l'arrivée de Sébastien Girard. Ce jeune paysan du cru va le dépanner. Remorquer la voiture jusqu'à la ferme, offrir gite et couvert au citadin perdu. Le lendemain, il sera assez convaincant pour faire découvrir à Hugues une battue aux sangliers. Le jeune notaire a un train dans quelques heures, mais accepte quand même. Cela lui fera une anecdote à raconter à son retour en terres civilisées.
Hugues va se retrouver au centre d'une vendetta entre deux familles, deux exploitations voisines aux lourds antécédents et secrets familiaux encore plus pesants.
Qui a tué le chien ? Qui est cette femme des bois ? Hugues va-t-il rester longtemps dans cette campagne isolée ? Le lecteur est happé par l'intrigue imaginée par l'auteur alors que le personnage principal, au contact de ces êtres frustres aux désirs primaires, semble se départir de sa raison, de son discernement pour lui aussi basculer dans la folie de l'instinct. Et comme les armes pullulent dans ce milieu de chasseurs, ce ne sera pas sans dégâts collatéraux. Des traces de sang et de boue vont se répandre derrière la course de cette « Fille de la pluie. »