Le tourneur de pages - L'ascendant
Julien Lecteur
L'ascendant
Alexandre Postel
Le début du roman installe un ton très simple et anodin. Le jeune homme ne montre pas vraiment d'émotions face à la mauvaise nouvelle annoncée. Il est qualifié de "pas très famille". En quelques phrases, l'auteur nous croque un portrait banal de narrateur. Cette accumulation de clichés nous place à distance du protagoniste ce qui accentue le renversement total du rebondissement de la découverte. Ce texte à la première personne qui aurait pu prendre la forme d'une introspection se transforme en exercice de genre. Alexandre Postel utilise les effets du polar, de l'épouvante et du drame psychologique pour mieux révéler le questionnement personnel du protagoniste. Derrière l'intrigue, il y a un fil rouge : un enfant ignore tout de ses parents et ne peut même pas l'imaginer. Ce mystère persistant ne peut pas s'évaporer par une conversation profonde et indiscrète. Ce postulat permet à l'auteur de manipuler son personnage remuant les vestiges de la vie de son père. Le style très direct et très fluide du roman tient le lecteur jusqu'à la dernière ligne. Loin de se résumer à la surprise de la découverte, ce roman questionne la notion d'héritage et de succession.