Il ne faut que quelques lignes pour aimer Borgo Vecchio, d'un amour féroce, terrible et dévastateur, un amour qui fait d'un point final un déchirement.
Ce roman se lit comme on contemplerait la course journalière du soleil. On l'ouvre alors qu'il fait nuit mais les lueurs de l'aube - et de l'espoir - apparaissent. On apprend à plonger dans ces ruelles étroites et sales et à connaître ceux qui y vivent, difficilement, douloureusement. Les pages défilent et le soleil pointe le bout de son nez, mais on sent l'orage comme un pressentiment. Pourtant on se prend au jeu d'y croire, à ce soleil qui touche enfin ces âmes égarées qu'on aime déjà si fort. On le referme dans la nuit noire et le tonnerre, le cœur lourd, l'espoir s'est tu - sauf pour deux petits rescapés ...
Ce roman est une merveille, un si court mais si intense moment de grâce. La plume de Giosuè Calaciura est inoubliable, elle qui mêle si merveilleusement quotidien gris et réalisme magique. Ceux qui l'ont lu ou le liront seront sans doute d'accord avec moi pour dire que le passage sur l'odeur du pain qui se répand est un pur moment de poésie ...
S'ouvrir à Borgo Vecchio, c'est lire des amours flamboyants dans leur pudeur, et rêver devant cette amitié d'enfant sans limite ni questions entre Mimmo et Cristofaro. C'est aussi la trahison et la jalousie, qu'on n'attend jamais et qui brise d'autant plus. C'est l'amour maternel hasardeux mais profond, mais aussi la violence sans fin.
Un grand coup de coeur !