Après l’apartheid et avant la Coupe du Monde de 2010, l’Afrique du Sud et Capetown en particulier pataugent dans les boues putrides de la violence, de la drogue, du racisme et du sida. Plongés au bout du mal, dans un noir absolu, il reste bien quelques hommes justes, ou en tout cas qui croient encore un peu à la justice. Trois « justes », trois flics intègres et écorchés vifs par la vie, deux Blancs, un Noir. Maîtrisant tant bien que mal leurs démons, les trois gaillards enquêtent sur les meurtres de deux jeunes filles de la bonne vieille riche société blanche, assassinées sauvagement alors qu’elles étaient sous l’emprise d’une drogue de synthèse encore inconnue des labos de la police.
On ne ressort pas indemne de cette histoire ultra-violente, d’autant plus qu’on s’attache à ces personnages tourmentés et qu’on souffre de les voir affronter les pires horreurs. Si l’enquête est bien construite, bien amenée (peut-être un peu complexe), le roman vaut surtout, d’après moi, pour le portrait historico-sociologico-ethnique qu’il dresse de l’Afrique du Sud et de la misère dantesque de ses townships. Noir, authentique, sans complaisance ni concessions à l’optimisme, ce roman est un coup de génie autant qu’un coup de poing (ou un coup de tout ce que vous voulez, du moment que ça fait mal). Impeccablement écrit et documenté, malheureusement très réaliste, on se prend à espérer de tout cœur que la situation s’est un peu améliorée depuis lors…