voyages au fil des pages - La promesse de l'aube

La promesse de l'aube - Romain Gary
« La promesse de l’aube » est donc cette histoire de l’amour vertigineux d’une mère pour son fils, qu’elle élève seule, souvent dans la pauvreté, d’abord en Pologne puis en France, à Nice, dans le seul et unique but d’en faire un Grand Homme. Un amour fou, colossal, infini, extravagant, théâtral, envahissant, exclusif, écrasant pour tout dire, mais profond et sincère. Avec un tel poids, une telle pression sur les épaules et sur son avenir, l’enfant puis l’adolescent aurait pu se rebeller, tout prendre à contre-pied, fuir, mais non. Lucide face au rouleau compresseur de la volonté de sa mère, l’amour tout aussi puissant qu’il lui porte l’empêche de la décevoir, de lui faire faux bond en se contentant d’une vie médiocre ou même banale. Dès l’enfance il assume son rôle et ne cessera de chercher en lui le talent, le don, qui lui permettra de venir déposer aux pieds de sa mère les trophées, les galons, les décorations qu’il aura gagnés, en compensation de ses sacrifices.
Une quête qui mènera Gary à s’engager dans l’armée de l’air, à suivre l’appel de De Gaulle le 18 juin 1940, au service d’une certaine idée de la France que lui a inculquée sa mère, une patrie faite de liberté et de fraternité. L’homme est touchant, imprégné de ces idéaux et d’autant plus déstabilisé quand ils ne s’accordent pas à la réalité. A la fois optimiste et un peu désespéré, Gary n’a de cesse de se surpasser, de prendre de la hauteur pour atteindre un inaccessible seuil d’idéal et d’absolu, dont il sait pourtant qu’il n’existe que dans l’amour que sa mère lui voue.
C’est une histoire magnifique, incroyable, lumineuse, émouvante et qui vous emporte par son écriture éblouissante de justesse, pleine d’humour et d’autodérision, d’amour, de tendresse, de chaleur et d’humanisme. Sublime.