Plume Vanille - Le meilleur des romans culinaires - Les Cinq quartiers de l'orange

Les Cinq quartiers de l'orange - Joanne Harris
Si ce roman était un parfum, ce serait celui des écorces d’oranges glissées dans les armoires d’antan. Celui d’un jardin d’été, qui exhale les senteurs mêlées d’herbes folles, de prunes trop mûres, et de pommes sèches. Mais aussi, l’odeur âcre des rives de la Loire, qui cache en ses eaux des serpents, des brochets et des secrets d’enfants, comme autant de sorts à conjurer…
Avec « Les cinq quartiers de l’orange », Joanne Harris signe un roman intimiste, où les secrets de famille croisent la grande Histoire, celle de la France sous l’Occupation. De cette période, il reste à Framboise Simon ses souvenirs d’enfance, et le cahier de recettes que lui a légué sa mère, Mirabelle Dartigen. Un nom tristement célèbre dans la région. L’on dit qu’elle aurait livré onze villageois aux Allemands ; Framboise se souvient encore de l’éclat des balles, crépitant contre les vieilles pierres de l’église. L’ont dit qu’elle aurait donné son corps à l’ennemi. L’ont dit… qu’elle était folle. Le cœur encore meurtri, Framboise trouvera quarante ans plus tard le courage de revenir dans son village natal, et la force de décoder les messages glissés entre les lignes des recettes de sa mère, pour enfin faire toute la lumière sur le drame et s’en libérer.
Pourquoi j'ai aimé ce roman : pour les recettes truffées de messages secrets, distillées entre les pages, comme autant de lettres d’amour d’une mère à sa fille. Et aussi, pour la douceur de la plume de Joanne Harris, qui mêle les regards d’une jeune fille amoureuse et de l’enfant devenue grand-mère, sur la troublante réalité de l’Occupation dans les villages de France.