Affreux, sales et méchants chez les monstres de foire... Bills Roberts n'est pas un super méchant, c'est juste un sale type, lâche, égoïste, faible et fainéant. Belle combinaison qui l'amène à garder dans une pièce plus ou moins hermétique de sa maison le cadavre de sa mère pour pouvoir continuer à toucher sa pension. Puis à participer à un casse minable qui tourne mal. Du coup Bill fuit dans les marais où il est défiguré par... les moustiques. Transformé en véritable Casimodo, il est recueilli par Monsieur Frost, patron d'une foire de monstres itinérante qui expose femme à barbe, homme chien... Or Monsieur Frost est marié, et Madame est loin d'être hideuse, du moins physiquement. Pulpeuse blonde incendiaire, caractère de chien, langue de pute, elle méprise Bill, jusqu'à ce que les boursouflures dues aux moustiques disparaissent, et qu'il ne ressemble plus aux autres attractions de la foire...
Attention, ceci n'est pas un roman de la série Hap et Leonard. Ici, pas de personnages glandeurs mais sympathiques, peu d'humour, et pas de charges contre les pires travers de la société américaine. Le polar est archi classique dans son histoire : le jeune étranger arrive, est embauché par un patron âgé marié à une blonde incendiaire, et ce qui devait arriver arrivera. Nous sommes dans Le facteur sonne toujours deux fois (Folio Policier n°122) et chez les Freaks. Le traitement est plus original. Tout d'abord par le cadre de cette foire aux monstres, dérangeant et particulièrement noir. Ensuite, Lansdale, comme on s'en doute, ne fait pas dans le larmoyant, c'est dur, malsain, et c'est la bêtise, la médiocrité, et la méchanceté lâche des personnages (forains ou visiteurs) qui sont mis en avant. On est ici bien plus proche de Thompson que de Coelho ! Pour finir, même une histoire cent fois racontée peut encore surprendre. Âmes sensibles et amateurs du bon goût et des beaux sentiments s'abstenir.