Ombres Blanches - Typhon sur Hong Kong

Jean-Marc Libraire
Typhon sur Hong Kong - John Burdett
L'inspecteur Chan travaille pour la criminelle de Hong Kong. Il suit ce qui pourrait bien être sa dernière enquête pour le compte de sa Gracieuse Majesté Britannique, car dans deux mois l'île sera remise sous contrôle chinois. Une enquête hors normes, puisqu'il s'agit de découvrir qui sont les trois personnes qui ont été passées, vivantes, dans un hachoir industriel. Entre les différentes triades, et le général Xian de l'armée populaire de Chine qui contrôle tout le trafic entre la république Populaire de Chine, et les mafias occidentales installées à Hong Kong, les coupables potentiels ne manquent pas. La question est de savoir si on laissera l'inspecteur Chan libre de ses mouvements dans une affaire qui se révèle très rapidement à très haut risque diplomatique.
John Burdett a été révélé par ses romans suivants se déroulant à Bangkok (Bangkok 8 et Bangkok tattoo). Typhon sur Hong Kong, écrit précédemment n'était plus disponible avant cette réédition fort bienvenue. On y trouve déjà ce qui allait faire le succès des suivants : en premier lieu, la superbe description d'une ville asiatique monumentale, surpeuplée, survoltée, totalement hors norme pour le lecteur européen ; ensuite le choc des cultures asiatiques et occidentales. Tout cela lié par une intrigue solide, souvent insolite, qui multiplie les chausse-trapes. Pour finir, une galerie de personnages impressionnante, avec dans le premier rôle un flic qui préfigure Sonchaï Jitpleecheep, l'extraordinaire flic thaï de la série thaïlandaise : métis comme lui, abandonné par son père comme lui, incorruptible comme lui, excellent flic également. La différence repose évidemment sur le lieu, et le moment, très important ici, l'imminence du retour de Hong Kong dans le giron de la Chine pesant de tout son poids sur l'atmosphère de ce polar. C'est également ce qui fait la faiblesse du roman, par rapport aux suivants. John Burdett y défend une thèse sur la Chine, et ses relations avec le monde capitaliste. Il la défend de façon passionnée et appuyée, parfois trop appuyée même. Cela fait parfois basculer son roman dans l'essai ou le pamphlet. Dans les romans consacrés à Bangkok, tout passe, magnifiquement, par la narration, les dialogues ou les situations (souvent très drôles). C'est plus percutant, plus efficace, et surtout plus littéraire. Intéressant donc, très prenant, mais quand même moins ébouriffant que les chef-d'oeuvres suivants.