Il est 19h30. Stan Lindow, Irlandais, récemment revenu à Londres pour prendre un poste à l'Imperial College après une brillante carrière au MIT à Boston, attend son frère Eammon dans Clarence Street quand le bus qui approchait explose. Aussitôt c'est l'enfer. Stan est blessé et amené à l'hôpital. Au moment de sortir, il est embarqué par deux policiers, et apprend avec stupéfaction qu'il est considéré comme suspect. Interrogé sans relâche, il ne craque pas, mais comprend qu'Eammon, grièvement blessé, était dans le bus et est soupçonné d'être son complice. Le commissaire Foyle, en charge de l'enquête, est presque sûr que les deux frères sont innocents, et après la garde à vue réglementaire, fait libérer Stan. Mais Foyle est aussitôt désavoué par sa hiérarchie, et les services secrets font pression pour le faire évincer. Pourquoi ? Qu'est-ce qui pousse tous ces hauts personnages à insister sur la culpabilité d'un innocent ? Qui protègent-ils ainsi ? Quel secret inavouable ?
Décidément, les Anglais sont les rois du roman d'espionnage intelligent. Tout est réussi dans ce pavé qui se lit d'une traite, de préférence pendant les vacances pour ne pas devoir perdre du temps au travail : Les personnages sont très convaincants, bien construits, complexes, humains, avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs ambitions, leur noblesse mais aussi leurs côtés moins ragoûtants. Le contexte de la question irlandaise et les difficultés qu'il y a à construire la paix après tant d'années de guerre et d'enchaînement aveugle d'attentats et de répression, sont bien rendus. Et surtout, la construction est impeccable : Porter prend son temps, met bien les choses en place, accroche le lecteur, pour accélérer, de plus en plus, et finir en apothéose dans un suspense parfait qui empêche de lâcher le bouquin une fois entré dans la dernière ligne droite.