Ombres Blanches - Niet camarade

Jean-Marc Libraire

Niet camarade

Olen Steinhauer
Niet camarade - Olen Steinhauer
1956, dans la capitale d'un pays du bloc communiste. En URSS, le congrès du PCUS commence à critiquer ouvertement Staline ; en Hongrie et en Pologne, des mouvements contestant le poids de l'emprise soviétique s'expriment dans la rue. A la capitale, c'est l'attente, alors que les prisonniers politiques des dernières années sont tous libérés. C'est dans ce contexte incertain que l'inspecteur Kolyeszar est amené à enquêter sur un meurtre particulièrement barbare : le corps calciné d'un homme a été trouvé dans une maison abandonnée. Avant d'être brûlé vif, il avait eu les bras et les jambes attachés, puis brisés. L'enquête avance lentement, d'autant plus que l'inspecteur est sans cesse occupé ailleurs, et commence à se poser des questions sur son rôle : réprimer une manifestation de toute évidence menée par des agitateurs, retrouver la femme d'un membre éminent du parti, et comprendre ce que fait là le nouvel inspecteur envoyé par Moscou. Kolyeszar va d'autant plus mal que son mariage prend l'eau et qu'il n'arrive pas à écrire son deuxième roman. Après Cher camarade, revoici la brigade criminelle de la capitale, dix ans plus tard. L'originalité d'Olen Steinhauer, outre de situer ses romans en Europe communiste du temps de la guerre froide, est de changer, à chaque roman, de protagoniste principal. Il offre ainsi un autre point de vue, et enrichit considérablement ses personnages, en confrontant, d'un roman à l'autre, la vérité d'un personnage à la vision qu'en ont ses collègues. Ne serait-ce que pour ces deux raisons, la série vaut la peine d'être suivie. Mais ce n'est pas tout. Ses romans sont de vrais bons polars, avec une intrigue solide, un vrai suspense qui fait tourner les pages. La rythme, le style rendent palpables l'ambiance d'une époque, les espoirs, les pesanteurs, les traumatismes qui souvent, comme partout, plongent leurs racines dans un passé plus ou moins récent. Un vrai polar aussi parce que, si la description de la réalité politique est au centre du récit, les ressorts de l'intrigue sont, eux, une fois de plus, les passions humaines, les incontournables et internationales passions humaines. Le contexte politique ne changeant que la façon de les assouvir. C'est sans doute là que réside le secret de la réussite de cette série, dont les deux ouvrages suivants sont déjà publiés chez Liana Levy.