Teddy est prof à Copenhague. Il a la cinquantaine et son sujet d'étude, les pays du bloc communiste, intéresse de moins en moins de monde. Il est donc tout heureux de faire une tournée de conférences dans plusieurs capitales des nouveaux capitalistes. C'est à Bratislava que le voyage s'achève : A minuit, une femme frappe à sa porte : Elle s'appelle Maria, et prétend être sa demi-soeur, elle lui apprend que leur père, qu'il a très peu connu et qu'il croyait mort en 1950 au Danemark, était en réalité revenu en Croatie. Il y avait connu une femme, lui avait fait un enfant pendant la guerre, quand il faisait partie des engagés danois dans les troupes SS, et était allé y finir sa vie. Bouleversé et victime d'un abominable mal de dos, Teddy décide d'annuler la suite de son voyage et de rentrer chez lui. L'universitaire n'est pas au bout de ses surprises, son autre soeur a été arrêtée, pour espionnage, identifiée grâce au décryptage de certains documents de la STASI. Et ce n'est là que le début des surprises qui attendent cet homme tranquille.
La femme de Bratislava est un superbe roman d'espionnage danois extrêmement intéressant à bien des titres. La construction du roman, en plusieurs parties racontées du point de vue des différents protagonistes, est parfaitement maîtrisée et donne une grande richesse de tons et de styles. Les personnages sont complexes, très bien définis, et on change peu à peu d'opinion sur eux, au fur et à mesure qu'on apprend à les connaître, et à les apprécier. Cela suffirait à en faire un roman très agréable. Ce qui le rend passionnant, c'est la description qu'il fait, à la fois du Danemark, de sa volonté, en tant que pays, de passer entre les gouttes de l'histoire, et de cacher sous le tapis ses épisodes peu glorieux, mais également le portrait d'une Europe de l'Est en plein post-communisme, où le capitalisme sauvage et ses conséquences, misère et mafias, se sont imposées avec une brutalité sans précédent. Et pour finir, le constat tragique de la situation dans l'ex-Yougoslavie et chez ses voisins, directement touchés par le drame. A lire, absolument.