Pavel Khvatkine est apparemment un professeur de droit calme, gris et prospère. Il vit dans un quartier huppé de Moscou, est marié avec une belle femme, a une superbe fille d'un premier mariage. Et cette fille est sur le point d'épouser un riche ouest allemand. La réalité est toute autre : Pavel est un ancien du KGB, un des pires bourreaux, ayant survécu à toutes les purges staliniennes, à tous les coups fourrés. Il fut à l'origine du massacre de dizaines de médecins juifs, accusés de vouloir attenter à la vie des bons citoyens soviétiques. Il est également un tueur, capable du meurtre à mains nues. Sa femme le hait, mais moins que sa fille, et il est atteint d'un cancer. Ce n'est pas un roman, c'est un cyclone, un ouragan, une tornade. On se croirait dans les pages les plus puissantes d'un Dostoievski emporté par la gueule de bois, la vodka, la puissance du personnage, et surtout, les horreurs révélées.
Les deux auteurs ont réussi le tour de force de donner une vie, une âme, une chair à ce terrible bourreau, qui emporte tout par sa vitalité, et, il faut bien le dire malgré l'horreur qu'il inspire, son charisme. Le lecteur ressort de ce pavé de plus de sept cent pages sonné, épuisé, comme un boxeur mis KO au dernier round. Magistral.