Jack Fitzgerald est un excellent flic, parfois violent. Ses méthodes pourtant ne plaisent pas à tous, à commencer par son chef, le grand patron de la police d'Auckland. C'est aussi un homme à la limite de la rupture et de la folie, à la poursuite d'une obsession : trouver ce que sont devenus sa femme et sa fille disparues sans laisser de traces il y a 25 ans de cela. Alors, dans chaque affaire, dans chaque meurtre, il cherche le plus petit indice qui puisse le mettre sur la piste. Il travaille généralement seul, mais aujourd'hui on lui impose la présence d'Ann, une jeune criminologue : Le cadavre d'une jeune femme a été trouvé sur une plage, étranglée. Son pubis a été scalpé. Or Ann étudie depuis cinq ans un cas de mutilation absolument identique et pense commencer à avoir quelques idées sur le tueur. Bien que totalement différents, Jack et Ann vont mettre tous leurs talents dans une enquête qui les mène dans les quartiers maoris, où le désespoir et la misère font ressurgir les vieux rites et les anciens dieux. Une enquête qui les mènera au bout de la folie et de la mort.
On peut lire Haka (Folio Policier n°286) et Utu (Folio Policier n°500) séparément, dans l'ordre que l'on veut, ils se complètent parfaitement, se répondent sans se répéter, et dressent à eux deux le portrait d'un pays faussement calme, où le libéralisme a triomphé dans la quiétude, sans secousses apparentes, laissant une population maorie s'enfoncer peu à peu dans la misère, l'alcoolisme et le désespoir. Une population qui, si l'on en croit ces deux romans, pourrait bien être au bord de l'explosion, à moins que l'alcool ne soit un anesthésiant suffisamment fort. Haka ne laisse aux personnages, et au lecteur, aucun espoir, et aucun répit, si ce n'est quelques pages très belles sur la nature néo-zélandaise. C'est aussi un excellent thriller, violent et sombre, dans lequel Caryl Férey ne cache pas son attachement pour les paumés qu'il met en scène, même s'il les malmène sans la moindre pitié.