Ombres Blanches - Empire State
Jean-Marc Libraire
Empire State
Une enquête de Robert Harland
Henry Porter
Malgré la vigilance des services secrets anglais, un conseiller spécial du président des Etats Unis est assassiné lors de son arrivée à Londres où il devait rencontrer le premier ministre. Au même moment, à l'aéroport d'Heathrow, Isis Herrick, chargée de la filature d'un libraire musulman, remarque un étrange manège parfaitement coordonné, qui conduit à un échange d'identité entre une douzaine de passagers. Immédiatement, une cellule de crise se met en place, craignant que quelque chose de très gros ne se prépare. Henry Porter confirme dans ce roman qu'il est bien un des très grands du roman d'espionnage, dans la lignée de l'incontournable John Le Carré. En plus de cinq cent pages, il réussit à passionner le lecteur pris dans un suspense implacable, à décortiquer le fonctionnement des services secrets occidentaux, noyés dans la technologie et les quantités inextricables de données qu'ils recueillent, gangrenés par les rivalités internes, et à décrire de façon extrêmement documentée et crédible la nébuleuse du terrorisme islamiste, ses méthodes, ses réseaux financiers, ses façons de préparer ses gros coups. Il se montre aussi à l'aise dans les scènes d'actions spectaculaires, que dans la description du travail routinier d'espion, et donne à ses personnages une vraie épaisseur, ils sont humains, complexes, parfois tenaillés par le doute, non exempts de faiblesses et de failles, bref extrêmement attachants. Voilà exactement le genre d'excellent roman qui fait dire à ceux qui n'aiment pas la littérature de genre, mais sont bien obligés de reconnaître qu'elle fourmille de vrais bijoux : « un roman qui est bien plus qu'un simple roman d'espionnage ». Phrase qui ne manque pas d'amuser, ou d'agacer selon l'humeur, les amateurs éclairés.