Neal Carey n'était pas pressé de reprendre le boulot pour le compte des « amis », cette association qui vient en aide aux plus gros clients d'une banque privée. Mais voilà, difficile de résister à son papa adoptif, Joe Graham. Alors il accepte de loger, et surtout d'éduquer une des femmes les plus célèbres du pays : Polly Paget, ex secrétaire de Jack Landis qui accuse ce dernier de viol. Tout cela serait tristement commun si Jack Landis n'était, avec sa femme Candy, l'actionnaire principal d'une
grosse chaîne de télé, et surtout le présentateur d'une émission très populaire, très consensuelle, et très bien élevée. Quand à Polly, c'est la caricature ambulante, et surtout parlante, de la pétasse. Neal et son amie Karen vont devoir la loger, et la rendre présentable en vue du procès très médiatique qui se prépare. Ils ignorent qu'ils vont devoir également la protéger d'un tueur à gages, de deux bandes mafieuses, et de la cupidité d'un magnat de la presse porno.
Voici le dernier volume des aventures de Neal Carey, le dernier et le plus drôle. Don Winslow s'y montre au sommet de son art : Il maîtrise parfaitement une intrigue complexe, où tout le monde trompe tout le monde, où les coups tordus et les révélations se succèdent, sans jamais perdre le lecteur. Mais surtout il nous fait rire. Sa galerie de mafieux ridicules, dangereux, méchants, et surtout bêtes, et son tueur qui se dérègle au fur et à mesure qu'il prend des gnons ne dépareraient pas dans une comédie des frères Cohen. Et puis il y a Polly, catastrophe ambulante et jactante, d'une vulgarité à toute épreuve, qui rend chèvre ce pauvre Neal, mais finit par être touchante, même si elle reste, jusqu'au bout, particulièrement agaçante. Tout cela raconté avec le style et l'humour Don Winslow, très hard-boiled, toujours à la limite entre hommage et pastiche, sans jamais tomber dans la caricature ; un
vrai plaisir.