Taiye Selasi offre un roman puissant - remplit d'émotions, où le sourire aux lèvres se forme naturellement, attendri par cette famille aux origines nigérienne et ghanéenne partie vivre le rêve américain. Un hymne poétique sur l'échec de n'avoir su créer un clan familial. L'auteur désacralise la famille et rend ce terme illusoire pour nos personnages. Une désillusion que le lecteur découvre mais de manière plus mesurée au fur et à mesure.
Le ravissement des innocents est un premier roman qui sent l'expérience, un style mûri paradoxalement avec l'idée qu'on se fait d'un premier roman ! Taiye Selasi a cette force, cette maturité que j'ai découvert avec Francis Scott Fitzgerald. Des générations les séparent et pourtant, dans la plume de l'auteur on retrouve la même finesse et cette capacité à analyser les hommes et les femmes, à les rendre humains. Une finesse dans l'écoute de la société et un travail remarquable pour retranscrire par les mots les vieillards et les nourrissons.
Ce premier roman offre des personnages entiers au métissage culturel enraciné dans les chairs.
Le ravissement des innocents aborde la famille au sens large et intime du terme. Une rétrospection sur l'héritage ancestral, sur sa place dans la famille.
Malgré les événements, malgré les erreurs : la famille reste la famille. Un héritage douloureux mais identitaire.
Taiye Selasi arrive rapidement à vous porter dans son univers, son style. Notre immersion dans les pensées des personnages rendent l'ensemble d'une beauté absolue . On a le sentiment en refermant le roman d'avoir vécu au coté de la famille Sai et d'être un peu les héritiers de leurs mémoires. Un roman brillant et vibrant de sincérité. Je le conseille vivement ! Un coup de cœur ABSOLU.