Ce roman d’Elena Ferrante, c’est une véritable ode à l’amitié avec ses joies, mais surtout avec ses travers et ses rivalités. Nous voyons évoluer la relation entre les deux amies. On découvre ce besoin de Lenu de toujours se comparer à son amie, de redouter de ne pas être à la hauteur de son amitié : au fil des années, on sent le malaise augmenter, celui d’une adolescente mal dans sa peau qui a l’impression que sa vie part en vrille alors que son amie semble réussir tout ce qu’elle entreprend.
On y découvre également une vie bien loin de la Dolce Vita à l’italienne que l’on a souvent tendance à s’imaginer quand on pense à l’Italie. Ici, nous plongeons dans un quartier napolitain après la guerre où les rivalités entre les différentes familles sont encore nombreuses même si elles sont pleines de non-dits. La violence y est omniprésente : il faut gagner un maximum d’argent pour asseoir son pouvoir, qu’importe comment on l’a obtenu. Difficile d’y grandir de manière saine quand on est une fille. C’est d’ailleurs l’une des choses qui m’a plu dans ce roman : Lila et Lenu vivent dans un milieu hostile, extrêmement patriarcal où l’éducation a encore assez peu de place face aux aléas du quotidiens. Elles doivent se battre pour apprendre et imposer leur idée de l’avenir à leurs familles. Chacune y parvient, à sa manière, avec les moyens qui sont à sa disposition.
C’est également un roman hyper féminin : on y évoque les premiers émois de l’adolescence mais aussi les craintes face aux changements imposés par la puberté. C’est au travers de Lenu que l’on sent davantage le mal-être typique de cette période.
A travers les différents personnages, on perçoit un portrait sans concession de la société italienne de l’époque : le rôle de la mafia dans la vie des quartiers, la lutte des classes, le développement économique et l’essor immobilier qui en découle et qui dévisage certains paysages, la pauvreté, etc.