A la place du mort ? Un titre à double sens. David se fait enlever sous la menace d’un révolver et contraint de s’asseoir sur le siège passager, « la place de celui qui va mourir si la voiture en percute une autre ». Ce garçon de 12 ans est aussi « à la place » d’un frère aîné mort à l’âge de 7 ans et à cause de qui il éprouve « la culpabilité du survivant ». David se fait enlever alors qu’il attend une amie, Nina de Valmain (quel nom romanesque), devant le lycée. Elle est en retard, et donc la cause indirecte de la rencontre de David avec son agresseur.
30 ans plus tard, David décide de raconter ce qui lui est arrivé à sa maîtresse avec qui il séjourne à Marseille. David confie toujours aux femmes qu’il aime ce qui lui est arrivé mais avec une fausse légèreté et sans s’appesantir. L’élément déclencheur de sa confession « marseillaise » est la vision du film de Clint Eastwood, Mystic River, qui raconte aussi l’histoire d’un enfant enlevé en voiture et violé. David est bouleversé par la façon dont le réalisateur réussit à transcrire « avec pudeur » selon lui « la peur grandissante, à la fois extralucide et inhibante, celle qui donne à comprendre et interdit d’agir… » Des qualités que l’on retrouve dans le livre de Paul Baldenberger, avec ce souci de montrer comment la peur déclenche un réflexe de survie de la victime qui va se plier aux injonctions de son bourreau sans quoi il risquerait de mourir. Autre élément déclencheur : la rencontre avec Nina de Valmain, par un hasard que seul les écrivains savent provoquer, alors que David et son amie prennent leur petit déjeuner à l’hôtel.
Qu’est-ce qui fait la réussite d’un récit sur un sujet aussi délicat ? Le talent de l’auteur bien sûr qui réussit à maintenir la distance nécessaire avec la violence du sujet pour ne pas abasourdir la personne qui l’écoute ni ses lecteurs.
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