Comment vous parler de L'amie prodigieuse de Elena Ferrante sans avoir le coeur qui palpite, un sourire aux lèvres tâchés de miettes de panettone et le soleil dans les yeux? Ce roman écrit avec passion et douceur est cette année, un de mes coups de coeur et c'est peu dire! L'auteure nous entraîne dans le Naples des années 50, où l'amitié entre deux petites filles va naître dans les rues sinueuses, la promiscuité, la misère mais aussi la joie des petits bonheurs et le boom économique d'une Italie bercée par la dolce vita.
Elena Ferrante attire le lecteur par une intrigue dès le début du roman, à savoir la disparition d'une Elena vieillie dont l'amitié avec Lila semble s'être émoussée. Mais pourquoi? Que s'est-il passé entre les deux amies et surtout qu'est-il arrivé à Elena? La maîtrise du roman par un jeu de flash-back est ingénieux mais on peut surtout souligner la dimension hypnotique par le style, d'une relation entre ces personnages et le décor Napolitain. On ressent à travers les mots, les descriptions, le bouillonnement de la ville, l'effervescence ambiguë des deux jeune filles rivales, envieuses mais dont l'affection et l'amour est placé au dessus de tout.
Est-ce finalement ça l'amitié? Une affection virale où se joue une rivalité sous jacente dont le regard de l'autre est d'une importance nécessaire, presque narcissique? Le besoin de se rassurer à travers les échecs de l'autre pour prendre conscience de son propre potentiel sans entraver l'amour que l'on porte? Vous l'aurez compris ce roman est intense, quelque fois dérangeant mais écrit avec tellement de tendresse et d'objectivité qu'il en devient vital puisque avec ce premier tome on suit le parcours de la première partie de leur vie.