Fractale : objet géométrique qui reste similaire quel que soit l’angle sous lequel on le regarde.
Ravioli : carré de pâte fourré de viande hachée.
Vous ne voyez pas le rapport ? Normal, le rapport, personne n’en aurait eu l’idée, sauf le génial Pierre Raufast. Son coup d’essai romanesque est un coup de maître. On pourrait trouver des prédécesseurs à son roman : Jacques le Fataliste, pour le goût de la digression et les histoires enchâssées ou le « Coup de gigot » de Roald Dahl. Du mélange des genres naît l’originalité du roman.
Moi qui aime qu’un livre me raconte une histoire, je suis servie : ici, une dizaine d’histoires (difficile de les dénombrer précisément tant elles s’entremêlent) sont livrées au lecteur sur un ton agréable et complice.
Ce qui me fascine dans ce livre, c’est l’imagination débridée de son auteur, qui pourtant retombe toujours sur ses pieds et parvient, grâce à un arrière-plan scientifique ou historique précis, à rendre toutes ses fantaisies vraisemblables. Au point que l’on ne sait plus ce qui existe ou non : j’ai par exemple cru pendant toute ma lecture que le rat-taupe était une pure invention ! Tirer de la réalité autant d’idées et une telle galerie de portraits, je n’avais pas lu cela depuis longtemps.
De plus, on est loin du feel-good book : si on peut être charmé par la poésie de certaines histoires et si l’on rit souvent, le fond n’est pas vraiment léger et bien souvent grinçant ou cruel. Mais où est la limite entre le monstre et l’individu simplement un peu différent ? Pour tous les personnages de Pierre Raufast, la question se pose : s’agit-il d’un psychopathe ? Méfiez-vous, lecteurs, les personnages en apparence les plus terrifiants ne seront pas forcément les auteurs des pires crimes, et vice-versa.
Un roman absolument original, noir et coloré, drôle et macabre, fantaisiste et profond, dont chaque chapitre reflète le tout et qui finit par boucler parfaitement la boucle sans avoir égaré son lecteur. À ne surtout pas laisser passer !