Kenneth Tyler et sa sœur Corrie découvrent que le croque-mort de la ville, Fenton Breece, fait des choses tordues avec morts qu'il est censé préparer au mieux pour leur dernier voyage. L'histoire tourne mal pour les deux jeunes Tyler, et Kenneth, pour retrouver le seul homme qui croira son histoire dans une ville voisine, se voit contraint de traverser une forêt si ce n'est ensorcelée, en tout cas pleine de mystère, le Harrikin.
A ses trousses, Sutter, embauché par le croque-mort, est le mal incarné. Aucun sentiment, aucun scrupule, rien à perdre. Il doit récupérer des photos compromettantes volées par Kenneth, mais plus ils s'enfoncent dans le Harrikin, plus Sutter en fait une affaire personnelle entre lui et Tyler, entre lui et son passé aussi. Rien n'est tout noir ou tout blanc dans le Harrikin, et malgré la méchanceté pure qui caractérise Sutter, le lecteur ne peut le détester. C'est tout l'art de William Gay. La course poursuite devient une quête initiatique pour Kenneth qui va croiser des personnages étranges, sorcières, alcooliques au coeur tendre, vieux sage... Chaque rencontre est comme une étape, une épreuve qui emmène inéluctablement Kenneth loin de l'enfance, vers la perte totale de son innocence et de ses illusions.
La Mort au Crépuscule est un livre stupéfiant. Sans jamais prendre parti, William Gay nous montre simplement l'Amérique profonde, avec beaucoup de poésie. Il nous montre sa noirceur, et le mal qui reste si facilement impuni, mais sans jamais tomber dans le pathos, ni la colère. Il met le doigt dessus et nous dit simplement "Voilà, c'est comme ça". Une grande noirceur, une grande poésie, du grand art pour ce premier roman traduit aussi de très belle façon par Jean-Paul Gratias. Un livre indispensable à mon humble avis. William Gay est décédé récemment, et c'est bien triste.