Coccioli, officier de police, conseille à une vielle dame de s'adresser à Tarpon, détective privé, pour rechercher sa fille, Philippine Pigot, non-voyante, dactylographe, qui a disparue depuis un mois. Croulant sous les affaires en cours (petite surveillance pour un pharmacien qui soupçonne l'un de ses employés de taper dans la caisse) et malgré les faibles moyens de la vieille, il accepte. Très vite il est contacté par des gens peu fréquentables et s'entend dire que la jeune fille est partie avec un ami et que, dans cette fuite amoureuse, il n'y a rien à chercher. Dubitatif il continue son enquête et lors d'un rendez-vous avec sa cliente à la gare Saint-Lazare, celle-ci se fait éclater la tête par une balle bien placée derrière l'oreille. Elle a juste eu le temps de lui transmettre la photo d'un certain Tanguy, le père de sa fille, a priori mort depuis bien longtemps en 1944...
Il n'est pas aisé de résumer Que d'os (Folio Policier n° 121) tellement le livre est dense et foisonne de personnages insolites. De plus, c'est un polar qui va en crescendo dans un rythme soutenu. On n'a pas le temps de faire une pause. Une cavale dans Paris et sa région, des courses poursuites, la découverte d'une secte « mystico-hygiéniste », des flics ripoux, des crapules... Sans oublier Charlotte, la roue de secours de Tarpon.
Que d'os, que du bonheur ! Bien que ce ne soit pas un Manchette majeur, la deuxième apparition de Tarpon, après Morgue pleine tout aussi délicieux, est d'une efficacité remarquable. Jean-Patrick Manchette est le maître absolu du néo-polar et on peut sans risque aimer tous ses textes, reflets d'une critique sociale et politique des années 70. Nous pouvons également rendre compte du film tiré de ce roman, réalisé par et avec Alain Delon dans le rôle titre : Pour la peau d'un flic (en 1981). C'est sans commune mesure : la qualité d'écriture, d'idées, d'ambiances « seventies », de portraits de personnages, etc... Enfin, chacun se fera une opinion de cette adaptation qui se veut un film d'action et de super « private investigator » à la française...