Rant Casey. Un nom qui fait frémir toute l’Amérique. Un des plus grands tueurs en série de tous les temps, qui aurait répandu une épidémie de rage ravageuse à travers le pays.
Ou peut-être simplement un péquenaud dégénéré de la bourgade de Middletown, se shootant aux morsures de différents animaux et insectes venimeux, et à qui la vie aurait réservé des surprises.
Figure fascinante et insaisissable qui terrifie l’Amérique, on ne sait de lui que ce que les gens en disent. On l’apprend à travers une multitude de témoignages oraux, succession d’interviews croisées de ceux qui l’ont connu de près ou de loin, et nous permettent de saisir un peu mieux la personnalité de ce personnage atypique.
Dans une société divisée entre Diurnes et Nocturnes, où les gens s’adonnent au « transfert », sorte d’expérience multi-sensorielle où l’on s’injecte des souvenirs par l’intermédiaire d’une prise dans la nuque, où les jeunes sont férus de « crashing », courses frénétiques dans lesquelles les voitures doivent se tamponner, ces récits d’une soixantaine de personnes viennent alimenter le mythe d’un Rant protéiforme, véritable marionnettiste de son destin.
Chuck Palahniuk nous met une nouvelle fois une bonne claque dans la figure comme on les aime.
L’écriture est maitrisée et se construit petit à petit, au gré des interventions. Toute l’intelligence du récit est dans cette alternance permanente des points de vue, parfois complémentaires, parfois contradictoires, mais toujours instructifs.
Et on assiste avec plaisir, dans cette société déshumanisée que nous décrit Palahniuk, à la naissance d’un monstre.