Imaginez l’Enfer de Dante envahir un plateau télé-évangéliste. Ou encore une pandémie d’un genre nouveau frapper le monde, et qui déformerait votre visage selon la nature de vos vices. Imaginez que vous puissiez faire revivre vos proches grâce à la technologie d’êtres appelés les Résurrectionnistes. Ou que pour des vacances originales, vous puissiez vous offrir une virée dans un Viêtnam reconstitué en un parc d’attractions, pour rejouer à la guéguerre. Ou pourquoi pas qu’une enseignante donne cours à une classe d’enfants morts-vivants.
Dan Simmons vous convie ici à treize voyages (treize nouvelles) au bout de l’Enfer, où les divers thèmes abordés sont une cinglante interprétation du monde qui nous entoure. Simmons s’en donne à cœur joie pour fustiger les revers de notre société (religion et télé-évangélisme, guerres et abus en tout genre).
Métastases (où l’on apprend la nature réelle des tumeurs cancéreuses et des étranges créatures qui s’en repaissent) est sans doute la meilleure nouvelle du recueil, dans laquelle on retrouve tout le talent et l’ingéniosité de l’auteur d’Hypérion.
Le Styx coule à l’envers est un recueil terrifiant mais profondément intelligent, qui prouve que Dan Simmons, comme beaucoup de ses confrères (Richard Matheson entre autres), excelle autant – voire plus - dans l’exercice des nouvelles que dans celui des romans.