Les livres de K79 - Un fils en or

Anthony Lecteur

Un fils en or

Shilpi Somaya Gowda
Un fils en or - Shilpi Somaya Gowda
J’avais juste entrevu quelques bonnes critiques de ce roman sur la blogosphère lorsqu’il a atterri en mes mains. Je ne savais vraiment pas quoi attendre de cette expérience indienne. Mais dès les premières pages, j’ai vite été rassuré.
Plus qu’un pays, c’est une culture qui est décortiquée tout au long de ce livre. On va découvrir le mode de fonctionnement de ces contrées très éloignées de nos standards européens. Dans les coutumes indiennes, tout doit être fait selon certaines règles, souvent strictes. Le personnage principal, expatrié en Amérique, va alors faire le constat des différences qui peuvent exister entre les deux mondes. Mariages arrangés, violences conjugales, jugements hâtifs d’un côté du globe et racisme ordinaire, ambitions exacerbées de l’autre côté.
Cette aventure pose aussi la question de l’expatriation. Même après plusieurs années, installé aux États-Unis, « pays de la liberté » (j’ai mis des guillemets !), Anil ne se sent pas chez lui. Son quotidien médical et occidental, qui fait la part belle à la compétition, le rappelle toujours à sa différence et sa condition d’étranger. Et quand il rentre à la maison familiale avec son œil neuf, il constate les incohérences et la violence de sa patrie natale. Sans être jamais complètement intégré dans son pays d’accueil, il s’éloigne aussi significativement de sa terre d’origine. Cette sensation est d’ailleurs bien résumée page 328: « Il habitait deux pays mais n’était accepté par aucun »… Étranger dans l’un, touriste dans l’autre !
Dans la même veine qu’ « Americanah » de Chimamanda Ngozi Adichie, mais un peu plus efficace et moins longuet, j’ai eu un coup de cœur pour ce livre de Shilpi Somaya Gowda. Elle a su, grâce à ce texte débordant d’humanité, mettre en exergue le poids des traditions omniprésentes dans les communautés. Avec beaucoup de tendresse et de subtilité, elle m’a sorti de mon quotidien assez libre en somme, afin d’ouvrir mon esprit sur d’autres cultures insoupçonnées.