Dans la catégorie roman qui vous retourne l’esprit et qui prend un malin plaisir à vous dérouter, je voudrais Celle que vous croyez. Dans le but de nous égarer, Camille Laurens utilise plusieurs profondeurs de plans dans cette histoire de relations amoureuses compliquées. Elle alterne entre différents modes de narration, différents points de vue qui apportent leurs lots de révélations. Elle adapte le style de son écriture selon qu’il s’agisse d’un entretien avec un psychologue, d’une version romancée des faits ou d’une lettre à un éditeur. On est alors balloté entre fiction, fiction dans la fiction et réalité. On ne sait plus où donner la tête. Au fil des informations que l’on récolte, les personnages prennent des identités diverses, les scènes s’inspirent les unes des autres et la vérité se dessine progressivement.
Vous devez vous dire que tout ce méli-mélo doit être déstabilisant et difficile à appréhender. Ce serait vrai s’il n’était parfaitement maîtrisé. Même si le cerveau est mis à rude épreuve, les récits s’emboîtent à merveille. Je suis resté en perpétuel équilibre, dans le flou jusqu’au dénouement final, sans jamais perdre le fil. C’est très bien construit et d’une grande efficacité.
En plus de nous offrir une histoire troublante, Camille Laurens en profite pour passer des messages subliminaux. La condition de la femme est au centre de son drame. Elle nous parle de ses désirs et de ses ambitions mais aussi du regard que l’on porte sur elles à partir d’un certain âge. Leur place dans la société change et le jugement des autres devient moins indulgent.
Vous avez donc compris que j’ai pris beaucoup de plaisir à me perdre dans ce labyrinthe de personnalités. Ce livre se lit rapidement malgré sa complexité et c’est parfois agréable de se creuser les méninges, en toute simplicité. Belle première rencontre avec cette auteure !