Leïla Slimani réussit à nous embarquer dans la suite de sa saga. Après un premier tome centré sur un couple marqué par le conflit mondial et atteint par la décolonisation, l’autrice nous raconte la fin des années 60 et ouvre son récit sur la deuxième génération. Comme tous les auteurs à l’origine de sagas, Leïla Slimani guide notre regard vers des paysages réconfortants, porteurs de nombreux mystères, de profonds changements. On voyage à travers le Maroc tout en étant frappé par les événements de la décolonisation. Avec elle, nous traversons le temps et c’est avec esprit et habileté qu’elle mêle l’intime et l’historique (notamment le fameux « petit pas pour l’Homme » assez délicieusement lié à une autre première fois).
Je dois avouer que le personnage d’Aïcha, fille de Mathilde et d’Amine, a capté mon attention dans ce deuxième tome. Avec son innocence, celle de pouvoir avoir un pied en France et un autre au Maroc, Aïcha est une femme en apprentissage de son monde. Elle est aussi audacieuse que timide, animée par de l’assurance et la conscience de ses fragilités. Derrière elle, on perçoit l’ombre d’un royaume du Maroc marqué par des attentats avec à sa tête un monarque voulant être un guide suprême. Leïla Slimani laisse une place au peuple marocain qui moque gentiment l’autoritarisme d’Hassan II. Les sourires perdurent malgré les drames, les déceptions et la violence patriarcale.
Comme dans le premier tome, l’autrice déploie ses convictions féministes, montrant que la danse, présente dans le titre et dans certaines scènes clés du roman, n’est pas toujours menée par les hommes. Les personnages féminins, même secondaires, prennent une ampleur là où les êtres masculins sont souvent lâches, malades et à la démarche bancale.