Le tourneur de pages - Poupée volée
Julien Lecteur
Poupée volée
Elena Ferrante

Ce roman est la rencontre délicatement soignée entre le lecteur et le personnage principal, Leda. Le livre est racontée à la première personne et nous, lecteurs, nous rapprochons de cette femme que les autres n'arrivent pas vraiment saisir. Ils ne la comprennent pas car elles ne jouent pas un rôle. Elle-même ne sait pas comment elle fonctionne. Elle veut être et c'est difficile. La grande respiration espérée pendant ces vacances est surtout la confrontation avec cette famille devenant son unique spectacle. Elle se rappelle son enfance, sa maternité et sa vie passée. Tout cela est teintée d'une amertume, celle d'avoir été à côté. C'est peut-être pour cela que Leda ne fait pas son âge. La vie a glissé sur elle et peu de choses l'ont marqué réellement. Ce portrait d'une femme, plus observatrice qu'actrice, est très émouvant. Elena Ferrante s'encombre peu du paysage de la plage pour se concentrer sur Leda. On pourrait dire que son roman est avant tout un enchaînement de gros plans. Elle ne serre pas son personnage mais parvient à capter son intimité au plus proche. Toutes ses pensées, ses questionnements, nous sont révélés. Leda se livre à nous sincèrement et Elena Ferrante, nous propose de l'accompagner pendant ses retrouvailles avec la joie de la vie. Derrière la disparition de la poupée, il y a cette notion de vol, ce qui nous est enlevé et qui, malgré le retour de l'objet tant aimé, nous a manqué. Leda est un personnage qui apprend à faire avec les silences qui sont les siens. L'autrice de l'amie prodigieuse a démontré son grand talent d'écoute, même quand il s'agit de saisir les points de suspension de l'existence.