Le tourneur de pages - Le diamant gros comme le Ritz

Julien Lecteur
À l’époque du « bling bling », il est intéressant de découvrir la description du luxe par Francis Scott Fitzgerald. L’auteur de Gatsby déploie avec grandeur et précision toute la splendeur qui n’est ici ni du mauvais goût ni du toc. Tout cela est vrai et l’ensorcellement est traduit magnifiquement par l’auteur. Son personnage, le jeune John, ne peut refuser de se confronter à cela, il reste en pâmoison devant la voiture de la famille Washington, la maison et tout le fait perdre pied. Les employés facilitent toutes les demandes et il n’y a aucun obstacle. Et c’est sur ce point-là que l’auteur creuse la sincérité de la famille Washington. John se retrouve pris dans un rêve. Mais le manque de réalité et de conscience de l’Autre le mettent en danger et lui sont insurmontables. Le basculement vers ce besoin, celui de revenir à la réalité, est très fort. C’est le contre coup d’une succession de menaces décrites au début du texte : une arrivée dans une ambiance lugubre assez horrifique, la présence constante de secrets autour de la richesse, la peur d’être découvert par les autres et la supériorité revendiquée de la famille. John doit fuir et ce retour vers la réalité est teinté d’une prise de conscience assez tragique. La mélancolie apparaît alors et les derniers paragraphes révèlent l’amertume de John. Il pourrait reprendre à son compte la réplique finale de Zazie : « j’ai grandi ». On a effectivement l’impression que John, enfant dans les premières pages, est devenu conscient de la réalité de son monde et des menaces dissimulées derrière des richesses aveuglantes.