Écrivain provençal, René Frégni a un don pour raconter les petites choses de la vie. Vivant entre Manosque et Marseille, il capte ici les lumières de ses promenades d'automne et la chaleur de ses rencontres. Nul ennui à la lecture de ces petites touches de vie, bien au contraire. Le lecteur respire, se prend d'affection pour les personnages brinquebalants croisés tels cet homme mutique qui photographie les objets et lieux abandonnés ou encore l'ancien menuisier amoureux des livres qui a construit de ses mains la célèbre librairie de Banon, « Le Bleuet »... avant de faire faillite. Il est aussi question d'un chat, de l'écriture et des femmes...
« Je me souviens de tous vos rêves » n'est pas un roman à proprement parler ; plutôt un ensemble d'histoires, de souvenirs qui se font écho. L'auteur raconte, digresse, part et puis revient avec ses mots mélodieux qui dépeignent la beauté, la nature, les humains et l'extraordinaire dans l'ordinaire... Une plongée en Provence aussi poétique que réjouissante, pour réveiller nos sens endormis et se reposer du tumulte du monde.
« Novembre allume partout dans les collines de petits incendies. Après les orages, la lumière est si intense, si pure qu'elle attise ces pourpres, ces orangés, ces roux. Pendant quelques heures, trois jours tout au plus, entre deux ciels noirs, le monde est plus beau que l'imagination.
L'automne est la saison des renards. Ils se glissent dans ces immenses régions rousses qui commencent aux portes de la ville et vont se perdre, après mille gouffres et ravins, dans des horizons d'aquarelle. Ils se tapissent sur les feuilles mortes, disparaissent. Chaque arbre est un renard prêt à bondir, un trait de feu qui jaillit des broussailles. Chaque branche qui craque est une chair de poule. »