Après "Les garçons de l’été", Rebecca Lighieri nous offre un roman noir, avec un meurtre – celui du père – en guise d’ouverture. Mais la quête du coupable est bien secondaire puisque l’intrigue se focalise sur les trois enfants, qui deviennent adolescents puis adultes et sont aux prises avec leurs démons. L’écriture est incisive, parfois crue, les portraits sombres et réalistes ; Karel - le narrateur – notamment est un personnage tourmenté qui n'a qu'une peur : ressembler à son père... Comment grandit-on quand on nous traite de moins que rien et que tout semble déjà tracé ?
« Tant qu’on se crèvera entre nous sur des tas d’ordures, tant qu’on se crackera bien la gueule avec nos petits cailloux, la société passera ça par pertes et profits. Et si les pertes sont négligeables, les profits sont loin de l’être : la sélection s’opère, naturellement, sans intervention extérieure, sans déploiement des forces de l’ordre – pas besoin de ligne budgétaire, y’a qu’à nous laisser faire, bingo. »
Il est des hommes qui se perdront toujours explore les thématiques fétiches de l’autrice : l’intime, la violence, la famille, la sexualité… C'est aussi une dénonciation de la misère sociale dans laquelle sont laissés les habitants des cités, livrées à eux-mêmes. Des histoires d’amour, une star de cinéma et de petits et grands espoirs viennent apporter quelques touches de lumière dans ce récit souvent abrupt mais toujours grandiose.
Camille