Encore une fois, la réalité se couvre de voiles, de surimpressions, de métaphysique et de mysticisme, mais dans SIVA c'est Dieu qui lui vole la vedette. C'est autour de la religion que se tourne ce récit, sous forme de dialogues, principalement, entre sceptiques et catholiques, délirants et raisonnables.
En bref, c'est un roman hautement personnel, plutôt théorique, où il y a finalement peu d'action - en quelque sorte, un serpent qui se mord la queue continuellement (ceux qui ont déjà mis un pied dans l'Exégèse n'en seront pas étonnés, on dira même qu'ils sont déjà plus que rodés ; pour les autres, eh bien, ce sera peut-être une révélation ?) On pourrait dire que c'est le jumeau de Radio Libre Albemuth, dont certaines parties sont reprises ici dans le film, créant une mise en abyme qui appuie d'autant plus sur l'idée de réalités parallèles et de temps superposés. Et peut-être est-ce que cela réussit plutôt bien à Philip K. Dick, car c'est dans l'autobiographie que son écriture est la plus poussée, la plus réfléchie, et qu'il fait le plus preuve d'humour. On y voit quelqu'un qui se prend à la fois trop au sérieux et pas du tout, quelqu'un qui aurait surtout aimé avoir des réponses, quelqu'un qui a l'amour de la recherche, de la réflexion, de l'analyse, quelqu'un qui croit sincèrement à ce qu'il écrit dans ses livres, même les plus fous. Quelqu'un de pathologiquement atteint par l'absurdité de la vie et dont la possibilité d'une intelligence supérieure bienveillante qui l'emporterait sur le mal absolu est le seul salut.
Thérapeutique, dingue, éclairé, désespéré, addictif et impossible : voilà qui résumerait bien ce premier tome de la Trilogie Divine.