Dans Berezina, tout est vacarme, rugissement des machines, soirées vodka et mains dans le cambouis. Cette fois, Sylvain Tesson n'est plus seul. D'un côté, il nous décrit son voyage, pannes de side-car comprises, et se laisse aller à de belles digressions sur l'épreuve que la retraite de Russie a dû représenter pour les soldats français, et ce qui les a poussés à suivre leur chef, même dans la défaite. De l'autre, il nous rapporte ses conversations enflammées, parfois houleuses et imbibées, avec ses quatre acolytes, à grand renfort de citations de Caulaincourt, le Grand Ecuyer de Napoléon. Le récit oscille entre le calme de la route, moment de la réflexion, et le raffut des soirées arrosées. La petite équipe vit son voyage à fond les manettes dans un joyeux désordre.
J'ai particulièrement aimé la plume impertinente et pleine d'humour de Sylvain Tesson, et son talent à saisir la poésie et la portée existentielle de chaque expérience vécue. C'est ce que j'aime le plus chez cet écrivain : chaque voyage est le lieu d'une intense réflexion philosophique et existentielle qu'il partage avec son lecteur.