"Bienvenue en Enfer !"
Jamais, peut-être, un effet d'annonce comme celui-ci n'aurait pu mieux coller à cette petite bombe. Car l'Enfer, le vrai, celui qui est en bas et où il ne fait pas bon finir, les quatre personnages de Duncan vont être en plein dedans et ils vont avoir a cœur de s'en échapper.
Au début : des scènes, remarquablement construites, qui introduisent les quatre protagonistes qui vont se retrouver ad patres. Une narration parfaite, visuelle, où chaque paragraphe et personnage se renvoient la balle. Une mécanique cinématographique qui laisse sans voix.
Ensuite l'Enfer : une vision d'une mégalopole, sorte de New York renversée, mise à feu et à sang, qui m'a fait penser à cette vision urbaine très SF des années 90 avec des décors saccagés, des habitants mi-créatures mi-oubliés, et des flics, toujours des flics, qui sont là pour exercer le châtiment et pour empêcher toute évasion.
Alors, on ne s'échappe pas de l'Enfer ?
Et pourtant ! Un clochard, un tueur violent , une prostituée junkie et un jeune homo vont tout essayer pour se faire la belle et c'est avec eux que Hal Duncan va laisser libre court a son talent.
L'auteur génial du très exigeant mais quasi biblique Livre de toutes les heures (Vélum et Encre) s'est vraiment fait plaisir avec ce récit enlevé, violent et imparable, qu'il est impossible de lâcher. L'action et les envolées littéraires de Duncan vont vous propulser dans un univers angoissant et bouillonnant.
On décèle, bien évidemment, de nombreux sens cachés, et des thèmes chers a l'auteur (sa « passion » pour les anges). L'anti-manichéisme qui règne dans ces pages donne tout son sens au dénouement.
Le texte a des aspects grandiloquents, des scènes d'action proches de l'esthétique du jeu vidéo avec des gunfights a haut indice d'octane : Évadés de l'enfer ! est une lecture jouissive et différente. Et c'est ça la grande SF comme je l'aime, celle qui étonne, qui dérange et qui capte votre attention du premier mot au dernier point.