Evadez-moi - Le seigneur des porcheries

Evadez-moi Lecteur

Le seigneur des porcheries

Le temps venu de tuer le veau gras et d'armer les justes
Tristan Egolf
Le seigneur des porcheries - Tristan Egolf
Le temps venu de tuer le veau gras et d’armer les justes.
Tel est l’étrange sous-titre de ce roman.
Je me suis demandée si j’allais rédiger un article sur ce livre. Tous les experts du Noir semblent l’avoir déjà lu. Pour ma part, ce sont les Docteurs Polar de Fondu au noir qui me l’ont conseillé, il y a deux ans. Je me suis dit que beaucoup ne le connaissaient pas mais il est difficile de trouver les mots justes pour en parler.
John est né dans une bourgade industrielle du Midwest. Son père est mort avant sa naissance. C’est un enfant chétif, victime de harcèlement à l’école, un gamin qui n’a quasiment rien hormis une ténacité à toute épreuve pour entretenir la ferme où il vit avec sa mère.
John va avoir une adolescence chaotique qui va l’entraîner loin de Baker, sa ville.
Quand il va y revenir, ça sera avec la ferme intention de leur faire payer tout ce qu’il a enduré.
Raconté par un témoin des derniers évènements qui se sont déroulés à Baker, c’est un texte dur où personne n’a le beau rôle. Il n’y a aucun héro et l’histoire est relatée après la mort de John.
J’ai rarement ressenti autant de rage dans les lignes d’un roman, autant de haine et de ressentiment. Le personnage de John aurait tendance à attirer la sympathie du lecteur mais chacun réagira différemment selon sa sensibilité.
L’auteur profite de cette histoire pour parler de beaucoup des fondements des Etats-Unis. La conquête des terres et le traitement réservé aux Indiens, la prohibition, le racisme, particulièrement ancré dans les états du sud, il n’oublie pas non plus les pires travers des hommes comme l’alcoolisme, la consanguinité, les armes et j’en passe.
C’est réellement un très beau et grand texte même s’il faut un peu s’accrocher aux premiers chapitres, un « must have » pour tout amateur de Noir qui se respecte. Dans la lignée des Faulkner et Steinbeck, Egolf rentre dans la catégorie des classiques de la littérature américaine.