Ombres Blanches - Meurtre sur la route de Bethléem

La situation est tendue à Jérusalem. La deuxième Intifada vient de commencer, le peur et le ressentiment augmentent de jour en jour, et le commissaire Ohayon est déjà bien occupé. C'est alors qu'en visitant les combles d'une maison qu'ils vont aménager, l'architecte et l'entrepreneur trouvent le corps d'une jeune femme, le visage complètement détruit par les coups. Ohayon et son équipe commencent l'enquête, sans se douter qu'elle va les amener à déterrer une vielle histoire sordide, et à faire ressurgir des rancoeurs et des haines tenaces. Pour commencer, ce nouveau roman de la série consacrée à Michaël Ohayon est un excellent polar : intrigue intéressante, personnages fouillés, complexes, rebondissements nombreux, l'histoire, à elle seule, est un vrai plaisir. Mais, au-delà, il a l'immense mérite de proposer au lecteur français une vision de la société israélienne bien différente de celle qu'en donnent nos médias bien trop simplificateurs. On s'aperçoit à la lecture que, loin de présenter un bloc uni et sans faille, défini uniquement par son opposition sanglante à un autre bloc tout aussi monolithique formé par les palestiniens, cette société, comme toutes les autres, est complexe, multiple, avec ses drames internes, ses propres oppositions, ses secrets honteux, ses haines et mépris, ses failles, ses pourris, ses salauds, mais aussi ses braves gens, ses justes, ses héros, ses idéalistes. Qu'on y trouve des gens bornés pour qui un arabe est un terroriste en puissance, et des humanistes qui savent que c'est comme ça, justement, qu'on fabrique plus de terroristes. Ne serait-ce que pour cela, ce roman est, aujourd'hui plus que jamais, indispensable.