Ce livre est un monument dont on ressort estomaqué. Quand je l'ai lu pour la première fois, je n'avais pas 20 ans et je n'y aurais rien compris sans les explications d'une amie, bien plus affranchie que moi, qui s'est empressée de m'expliquer comment Temple avait été agressée sexuellement.
L'écriture de Faulkner provoque des sensations physiques. On a sans cesse le sentiment de se confronter au texte, de se battre avec, tant l'écriture est elliptique, visuelle, exigeante avec le lecteur.
Je conseille de lire la préface originale d'André Malraux, après avoir terminé le livre. Selon moi, son intérêt relève de l'histoire littéraire : comment un écrivain du 20e siècle évoque un autre géant contemporain.
On ne peut qu'admirer le travail de traduction tant le style de Faulkner passe d'un extrême à l'autre : tantôt lyrique, tantôt trivial à l'image du niveau de langage de certains personnages.
Les scènes dans lesquelles Temple court dans tous les sens, alors qu'elle se retrouve coincée, par accident, dans cette ferme où sa vie va basculer, sont saisissantes. C'est un animal pris au piège mais qui sait ce qui va lui arriver : Temple ne cesse de répéter "Il va m'arriver quelque chose !" "Il m'arrive quelque chose". Un affolement et une peur contagieuse que le lecteur partage totalement.
On revient de cette lecture exigeante, ébloui par ce que la littérature peut provoquer en nous.
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