Un des auteurs atypiques du polar français, digne successeur de Jean Patrick Manchette et du néopolar, Pouy a su nous séduire avec une écriture jubilatoire, contrainte « à la Oulipo » avec un engagement sans équivoque. Fort de personnages singuliers il combat l'injustice sociale, l'extrémisme et les corrompus. Il est le défenseur des « gens de peu ».
Se faire croquer l'oreille, ça fait mal ! et Marcel 15 ans et demi, lui, s'en souvient : alors qu'il part pour son bahut à La Rochelle dans le train Nantes-Menton, c'est l'accident. Dans un amas de ferraille, le voilà bloqué par une barre de fer et aplati par une jeune femme - coincée elle aussi - qui, souffrant le martyr, libèrera sa hargne sur « l'oreille ». Ils se livreront à un corps à corps involontaire et inconfortable en attendant les secours. Que de bonnes conditions pour faire connaissance. C'est l'enfer !
A la sortie de l'hôpital, Marcel pense bien retrouver Marie-Claude et s'enquérir de son état. La jeune femme est pourtant déjà loin. Tous les média ne parlent que de l'accident et inévitablement énumèrent les victimes ; une certaine Arlette Classeau (« bien connue des lecteurs de Paris-Match »), une ex-prostituée de Toulon qui a défié ses protecteurs et de fait en fuite, ressemble étrangement à la demoiselle du train. Marcel part à sa recherche...
Voilà le polar à mettre dans toutes les mains (ados et grands), même ceux qui n'aiment pas lire. Les jeunes se retrouveront dans les propos et les émois du narrateur. Effectivement J.B.Pouy nous tisse une société avec le regard, la naïveté et les angoisses d'un adolescent. La course poursuite rend le roman haletant, les remarques et les inquiétudes de Marcel sont hilarantes. C'est, avant de lire tout Pouy, le bon bouquin à emporter dans le train.