Si vous n'avez jamais lu Ed McBain, vous ne connaissez pas votre chance ! C'est ce que je dis quand on n'a jamais lu un auteur ou une oeuvre qui est incontournable et que l'on a tout à découvrir ; comme si on allait boire un grand Bordeaux ! Cela ne sera pas une tâche vaine de vous en convaincre.
Voilà un auteur des plus prolixe et des plus inventif du polar américain contemporain. Sa série culte est « le 87e District ». Nous suivons les enquêtes du commissariat d'Isola (transposition imaginaire de l'île de Manhattan) avec ses inspecteurs Carella, Kling et Meyer Meyer entre autres sous les ordres du lieutenant Byrnes, dans leur quotidien, avec leur vision de la criminalité dans un quartier qui est le reflet de toutes les couches de la population, des nantis au plus désoeuvrés.
Branle-bas au 87, au commencement macabre, ne dément pas le talent de McBain dans la cinquantaine d'aventures existantes.
Ils découvrirent les cadavres dans une tranchée... un début « glaçant » qui donne le ton ; six cadavres : trois noirs, deux portoricains et un blanc ou encore trois hommes, deux adolescentes et un bébé gisaient nus dans une tranchée de travaux public un 6 janvier avec une température en dessous de zéro. Aucun signe distinctif ne permettra de les identifier. Un casse tête pour Carella et Kling les premiers sur l'enquête. Suite à la publication des portraits post-mortem dans la presse, le coup de fil d'une jeune femme éclairera l'horreur.
Nous voilà plongés dans des règlements de compte de gangs entre les Ecarlates, les Têtes de mort et autres Yankee Rebels orchestrés par Randy Nesbitt, le déjanté de l'histoire, et ceci sans la musique de West Side Story. Enlèvement, meurtres, fuites, explosion, bataille rangée... tous les ingrédients de l'insécurité urbaine y passent. Tel un New-York infréquentable, sans qu'une agression vous attende à chaque coin de rue, McBain peint une mégapole avec toutes ses déviances. Il faudra toute la psychologie, le professionnalisme, l'humanisme et la bonne humeur des inspecteurs du 87e District pour rétablir l'ordre.
Voilà une source de plaisir qu'on ne serait tarir et Branle-bas au 87 (Folio Policier n° 273) n'est qu'une première gorgée introductive. Pour ma part, je m'y abreuve encore et encore.