Yukio Mishima, 1925-2025
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Yukio Mishima (pseudonyme de Kimitake Hiraoka) est né en 1925 à Tôkyô. Son œuvre littéraire est aussi diverse qu’abondante : essais, théâtre, romans, nouvelles, récits de voyage. Il a obtenu les trois grands prix littéraires du Japon. En novembre 1970, il s’est donné la mort de façon spectaculaire au cours d’un seppuku qui a frappé l’imagination du monde entier.
Confessions d’un masque

Dans l’intimité de sa chambre, Kôchan s’éveille au désir en parcourant les pages d’un livre d’art. La beauté du corps nu, ligoté et mordu de flèches de saint Sébastien l’obsède. Dans la rue, il est attiré par les matelots et les petits voyous, et à l’école par un camarade de classe dont le charme le subjugue. Mais comment être homosexuel dans le Japon conformiste du XXe siècle? Kôchan devra-t-il renoncer à lui-même et porter toute sa vie un masque aux yeux du monde?
Véritable diamant brut, ce premier roman autobiographique de Mishima marque la naissance d’un grand écrivain. À travers un style flamboyant et d’une grande justesse, l’auteur du Pavillon d’or interroge la normalité et l’immoralité, détaille les vertiges de l’adolescence et nous entraîne dans les ténèbres du désir frustré.
Le Pavillon d’Or

«Sans rien changer à sa pose parfaitement protocolaire, la femme, tout à coup, ouvrit le col de son kimono. Mon oreille percevait presque le crissement de la soie frottée par l’envers raide de la ceinture. Deux seins de neige apparurent. Je retins mon souffle. Elle prit dans ses mains l’une des blanches et opulentes mamelles et je crus voir qu’elle se mettait à la pétrir. L’officier, toujours agenouillé devant sa compagne, tendit la tasse d’un noir profond.
Sans prétendre l’avoir, à la lettre, vu, j’eus du moins la sensation nette, comme si cela se fût déroulé sous mes yeux, du lait blanc et tiède giclant dans le thé dont l’écume verdâtre emplissait la tasse sombre - s’y apaisant bientôt en ne laissant plus traîner à la surface que de petites taches -, de la face tranquille du breuvage troublé par la mousse laiteuse.»
Le Tumulte des flots

«- Hatsue ! cria le garçon.
- Saute par-dessus le feu. Si tu sautes par-dessus…, dit la fille d’une voix claire et forte.
Le garçon n’hésita pas. Le corps nu, que la flamme illuminait, il prit son élan sur la pointe des pieds et bondit au travers du feu. En un clin d’œil il se trouva droit en face de la fille. Sa poitrine toucha légèrement les seins de Hatsue.»
Dojoji et autres nouvelles

Martyre

Comment qualifier les sentiments ambigus qu’éprouvent l’un pour l’autre Hatakeyama et Watari ? Les deux adolescents hésitent entre haine, désir, fascination et cruauté. Jusqu’où leurs jeux troubles peuvent-ils les conduire ?
L’équipe de kendô a pour capitaine Jirô, l’un des meilleurs sabres (ken) du Japon. Tous lui envient sa force, sa beauté et son talent. Lorsque le club part faire un stage d’une dizaine de jours, les ambitions et les rivalités entre les membres de l’équipe s’exacerbent…
Deux nouvelles raffinées et cruelles qui mettent en scène des adolescents à la sexualité trouble.
Mishima, Jennifer Lesieur

«Ignorant moi-même à quoi rime cet état effrayant où je suis enfermé, tout ce que je peux en dire, c’est que je m’agite avec l’insouciance d’une marionnette manipulée par les dieux.»
Kimitake Hiraoka, dit Yukio Mishima (1925-1970) a connu la célébrité et a fait scandale dès la publication, à l’âge de 24 ans, de son premier récit autobiographique, Confession d’un masque. Auteur d’une œuvre aussi abondante que variée, il a publié une quarantaine de romans, des essais, des pièces de théâtre, des récits de voyages, des nouvelles. Écrivain génial, dangereux idéologue, révolté narcissique, inadapté hanté par l’expiation? Le visage de Mishima est recouvert de plusieurs masques que Jennifer Lesieur essaie d’enlever un à un. Aujourd’hui encore, pour nombre de Japonais, il reste une personnalité sulfureuse. Lui qui disait vouloir faire de sa vie un poème, trouvant l’existence humaine limitée et avouant désirer vivre éternellement, s’est donné la mort, au sommet de sa gloire, le 25 novembre 1970 : en pratiquant un seppuku par éventration, suivi d’une décapitation.