Une vie divine

«Ludi est une merveilleuse menteuse. C’est d’ailleurs la phrase que je me suis murmurée au bout de trois ou quatre rencontres : «merveilleuse menteuse». Mère en veilleuse, très bonne menteuse. Il suffit de la voir, là, bien blonde épanouie aux yeux noirs, cheveux courts, avec sa robe noire moulante, sur la terrasse de cet hôtel, en été. Elle est fraîche, bronzée, elle sait qu’elle se montre, elle laisse venir les regards vers elle, elle s’en enveloppe comme d’une soie. Oui, je sais, elle vous dira qu’elle a pris deux kilos et que c’est dramatique, mais non, justement, elle est parfaite comme ça, rebondie, ferme, ses seins, son ventre, ses cuisses évoquent aussitôt de grands lits ouverts. Ah, ce croisement de jambes, ses fesses lorsqu’elle va au bar, sa façon de sortir et de rentrer et de ressortir et de rerentrer son pied de son soulier gauche – la cheville, là, en éclair –, et puis de rester cinq secondes sur sa jambe droite, et de recommencer, rentrer-sortir, rentrer-sortir, comme pour dire j’ai trouvé chaussure à mon pied, et c’est moi, rien que moi, venez vous y frotter si vous croyez le contraire. Son corps se suffit à lui-même et elle n’a pas à s’en rendre compte. Il dit tout ce qu’il y a à dire, mais elle ne pourrait pas le parler.»
Genre littéraire
Romans et récits
Époque
XXe-XXIe siècle
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Détails
512 pages - 108 x 178 mm
EAN
9782070342921
Date de parution
Collection
Folio - no4533

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Dans les médias

"Avec cette "Vie divine", Sollers est au sommet de son talent et de sa charmante loufoquerie"
Le point

"Voici Nietzsche lu, relu, exploré, commenté, Nietzsche au coeur des pensées vives, précises et impertinentes de Philippe Sollers. Lequel a eu l'idée formidable d'en nourrir non pas un essai, mais un roman - entendons nous bien: un roman "sollersien", une forme très libre, un mouvement, une fluidité, une dynamique joueuse et discursive."
La croix

"... Philippe Sollers n' a plus rien à perdre ni à prouver. C'est très agréable pour le lecteur, un auteur qui se fait plaisir, virevolte, fait des pieds de nez."
Le figaro