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Bien moins connu que ses derniers livres, La tyrannie de la réalité, écrit en 2004 et réédité chez Folio, est pourtant un essai littéraire remarquable.
Mona Chollet s’attaque ici au concept de réalité, ... non pas en ses termes philosophiques comme cela a déjà été fait, mais plutôt dans ses valeurs sociales, politiques et culturelles. Cette tyrannie, comme elle le nomme, est le fruit d’une aberrante mystification de la perception de la réalité par une idéologie dominante, politique autant que médiatique, à des fins consuméristes et capitalistes. Avec cette étude engagée et aérienne, sus aux « faut pas rêver » et « soyons réalistes », l’imagination se réconcilie (enfin !) avec la raison, comme le montre cet extrait des plus poétiques sur le rêveur :
« Il ne lui faut pas grand-chose pour être heureux. S’il peut s’isoler de temps en temps, il est comblé ; mais ce n’est même pas indispensable. Le décrochage intérieur, accompagné d’un petit spasme de volupté, par lequel il s’abstrait de l’univers commun, il l’opère aussi bien en société, à la moindre occasion. Il rêve n’importe où, n’importe quand. Il est autosuffisant. Lorsqu’il marche sur un trottoir, des fantômes ne cessent de venir à sa rencontre, de danser autour de lui et il s’entretient avec eux le plus sérieusement du monde. Pendant un trajet en train, en métro, en voiture, son cinéma intérieur ne le rend que plus attentif à la moindre impression de fugitive beauté qui peut se former devant ses yeux. Les autres se croient les pieds sur terre, mais ils ne tiennent debout que parce qu’ils se serrent frileusement les uns contre les autres. »
Cet éloge de la rêverie est éloquent, alternatif, revigorant, et certains passages sur le travail avilissant, le traitement médiatique, la surconsommation et ses atours sont limpides et lapidaires. Autrice pluridisciplinaire puisqu’elle s’intéresse autant à la science, au cinéma, à la littérature qu’à la philosophie, Mona Chollet m’a convaincu. À suivre…
Denis