voyages au fil des pages - Des souris et des hommes

Des souris et des hommes - John Steinbeck
Dans la Californie des années 30, en pleine Dépression, George et Lennie rêvent leur rêve américain : économiser sur leur paie pour s’acheter un lopin de terre avec une petite maison, et des lapins pour Lennie. George et Lennie, ouvriers agricoles, sont en route pour le ranch où ils ont été embauchés comme journaliers. George est petit, intelligent, brave type mais méfiant. Lennie est grand, demeuré, pas méchant mais ne connaissant pas sa force physique colossale. George le protège et veille sur lui comme un grand frère.
Pas la peine d’en dire plus. Dès le début, on pressent le drame. Les souris, le chien, la femme, oiseaux de mauvais augure. D’ailleurs ce roman aurait pu être une pièce de théâtre, catégorie tragédie classique : on a l’unité de lieu et d’action, presque l’unité de temps (3 jours au lieu d’un). Pour la règle de bienséance, on repassera, mais pour ce qui est de la fonction cathartique (ainsi décrite par Boileau: « que dans tous vos discours la passion émue / aille chercher le coeur, l’échauffe et le remue »), il faudrait être vraiment insensible pour ne pas être touché.
Comment rester de marbre face à la puissance de ces 125 pages ? Elles se lisent en une heure mais vous comprenez avant même de refermer le livre qu’elles vous marqueront pendant des jours. Vous avez intégré, assimilé l’histoire d’autant plus aisément que l’écriture est simple, fluide et sans artifices. Elle est en vous et ne vous quittera pas de sitôt.
Mais qui donc pourra m’expliquer ce mystère qui transcende des mots anodins et des faits divers en prodige littéraire intense et bouleversant ?
Prouesse d’écrivain, magie de l’écriture, talent immense, à n’en pas douter…