Le Cas Wagner suivi de Nietzsche contre Wagner

Qu’exige un philosophe, en premier et dernier lieu, de lui-même ? De triompher en lui-même de son temps, de se faire «intemporel». Sa plus rude joute, contre quoi lui faut-il la livrer ? Contre tout ce qui fait de lui un enfant de son siècle. Fort bien ! Je suis, tout autant que Wagner, un enfant de ce siècle, je veux dire un décadent, avec cette seule différence que, moi, je l’ai compris, j’y ai résisté de toutes mes forces. Le philosophe, en moi, y résistait.
Ma préoccupation la plus intime a toujours été, en fait, le problème de la décadence, - et j’ai eu, à cela, mes raisons. […] Si l’on s’est exercé la vue à déceler les signes du déclin, on comprend aussi la morale, - on comprend ce qui se dissimule sous les plus sacrés de ses noms et de ses formules de valeur : la vie appauvrie, le vouloir-mourir, la grande lassitude. La morale dit non à la vie. Pour entreprendre une telle tâche, il me fallait de toute nécessité m’imposer une dure discipline : prendre parti contre tout ce qu’il y avait en moi de malade, y compris Wagner, y compris Schopenhauer, y compris tous les modernes sentiments d›«humanité»…
Friedrich Nietzsche.
Genre littéraire
Études et monographies
Époque
XIXe siècle
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Détails
176 pages - 108 x 178 mm
EAN
9782070326594
Date de parution
Editeur :
Giorgio Colli
Mazzino Montinari
Traduit (allemand) par :
Jean-Claude Hémery
Collection
Folio essais - no169